Assis sur son canapé, Skyler fixait sa plaque, celle qu’il avait obtenue le jour où il était entré au FBI. C’était il y a déjà quelques années, pas si longtemps que ça, sa carrière aura été courte. Il n’était peut-être juste pas fait pour cette vie là. En tous cas, il n’avait plus le courage de continuer dans cette voie là. Il avait pourtant travaillé dur pour obtenir son poste, il avait un bon salaire et le métier dont il avait quasiment toujours rêvé. Quel abrutit. S’il avait rêvé de ça, c’était parce que c’était le boulot de son père biologique, cet homme si formidable d’après sa mère, lui, il ne l’avait pas connu, mais il aurait du se douter qu’idolâtrer sa vie était une idée bidon alors qu’il était « mort dans l’exercice de ses fonctions ». Il le savait, sa mère ne le lui avait jamais caché et pourtant comme un con, pour se sentir à, la hauteur de son père il était devenu agent fédéral. Ça ne lui avait rien apporté si ce n’est une très brève satisfaction qui désormais n’existait plus. Il n’y avait plus rien aujourd’hui, plus rien à quoi s’accrocher, plus rien pour le pousser à continuer à vivre et pourtant il était encore là bien vivant. Certains diraient qu’il devrait apprendre à s’en contenter mais il ne pouvait pas. Il savait pourtant qu’il lui restait sa mère et son beau-père, deux personnes qu’il aimait tant, d’ailleurs, il était fier de porter le nom de son père biologique ainsi que celui de son père adoptif, mais là n’est pas la question. Il soupira. Certes, il tenait beaucoup à eux et il ne voulait surtout pas les blesser et même s’il s’en fichait, il n’aurait pas eu le courage d’en finir avec sa vie et puis, elle n’aurait pas voulu ça. « Elle », c’était sa femme, une femme unique, peut-être la seule femme qu’il aimera pour toujours, il n’en savait rien. Il l’aimait tellement il aurait tout donner pour elle. Pourtant aujourd’hui, il n’était même pas sûr d’avoir le courage de sortir de ce canapé pour aller à son enterrement. Elle était morte et c’était de sa faute et il avait beau prier un Dieu en qui il ne croyait absolument pas, il ne pouvait malheureusement pas inverser les rôles, il aurait tellement aimer pouvoir donner sa vie pour qu’elle puisse continuer son existence. Il avait fait la plus grosse erreur de sa vie en privilégiant son travail à sa vie de couple, c’était occasionnel, c’était une enquête importante, un type qu’il ne pouvait juste pas laisser trainer dans les rues de Washington, il était bien trop dangereux, il s’était trop impliqué dans cette affaire et alors qu’il était à deux doigts de l’arrêter, ce connard avait eu un coup d’avance sur lui, il lui avait tendu un piège, l’emmenant à l’autre bout de la ville pour avoir le temps de tuer sa femme, il n’avait eu aucun scrupule, même en voyant son ventre rebondi qui abritait un bébé, il n’avait pas hésité à les tuer tous les deux et évidemment, Skyler était arrivé trop tard. Il n’avait retrouvé qu’un corps mutilé, une horreur, la pire vision de sa vie. Le pire jour de sa vie. Il serra son insigne entre les mains alors qu’il revoyait ces images, elles semblaient être constamment là, comme si elles avaient été gravée sur sa rétine. Il serra la mâchoire, il devait aller à cet enterrement même s’il n’en avait pas envie. Il glissa son insigne dans la poche de sa veste avant de se lever de son canapé pour aller rendre un dernier hommage à la femme de vie.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il se retournait vers sa collègue, voilà plusieurs minutes qu’elle l’observait sans rien dire à la porte de son bureau pendant que lui, il rangeait toutes ses affaires dans des cartons. Les bras croisés sur sa poitrine elle soupira avant de se rapprocher de lui. « Alors tu t’en vas vraiment ? » Il haussa les épaules et lui tourna de nouveau le dos, c’était tout à fait elle ça, il l’avait dit il ne savait pas combien de fois qu’il partait et elle continuer de croire qu’il avait pu changer d’avis durant la nuit. « Oui. Je n’ai plus aucune raison de rester ici … » Un rire blindé d’ironie s’échappa de ses lèvres. Il se doutait bien que la tournure de sa phrase ne lui plairait pas mais en même temps il le pensait réellement et il n’avait pas l’intention de lui mentir, il avait cette sensation qui lui bouffer les entrailles, il n’avait plus sa place ici. « Et tes amis ? Et ta famille, tu y as pensé ? » Dans un soupire il leva les yeux au ciel, il s’y était attendu à celle là, elle cherchait peut-être à le faire encore plus culpabiliser, comme s’il ne se sentait déjà pas assez mal, il fallait qu’elle remue un couteau dans l’une de ses nombreuses plaies. Il se tourna à nouveau vers elle pour la regarder droit dans les yeux, avec un air presque désespéré sur le visage. « Oui, j’y ai pensé, mais ça ne suffit pas à me retenir. J’aime mes parents, j’aime ma sœur et j’adore mes amis. Mais je ne peux pas rester ici et faire comme si de rien était. Je suis hanté par trop de souvenirs dans cette ville. Si je veux un jour l’oublier, il faut que je prenne un nouveau départ … » En effet, sa défunte femme hantait encore ses pensées depuis qu’elle était morte quelques mois auparavant. Il ne pouvait pas rester dans cette ville dont pratiquement chacune des rues faisait renaitre en lui un souvenir à la fois si bon et si douloureux. Il n’avait pas le choix il devait partir et personne ne serait à même de le retenir. Pas sa famille, pas ses amis, personne. Il ne savait même pas où il allait aller, une seule chose était sûre, il allait partir dès qu’il aurait fini ses cartons. « Très bien, laisse moi t’aider alors … » Elle afficha un sourire avant de se rapprocher et de l’aider à mettre ses affaires dans ses cartons. « Merci ». Il lui adressa un sourire à son tour, un sourire plein de tristesse, comme tous ceux qui s’étaient dessinés sur ses lèvres depuis la mort de sa femme.

Anchorage. C’est la ville dans laquelle il s’était installé quelques mois auparavant. C’est dans cette ville qu’il pensait pouvoir repartir à zéro, comme s’il en était seulement capable. Il avait beau prétendre qu’il allait bien il passait presque tout son temps dans les bars à boire jusqu’à en perdre toute notion de la réalité. C’était le seule moyen qu’il avait trouvé pour oublier sa peine, pour oublier que sa vie était merdique au possible et qu’il n’arrivait pas à se redresser. Il avait beau sourire au gens, passer pour un mec cool ou quelque chose du genre, il n’en restait pas moins blessé au plus profond de son être. Il était au bar comme souvent et dans un soupire il commanda un énième verre. Le barman le fixa avec un air dépité, lui suggérant de plutôt appeler un taxi et comme le plus gros des looser, le jeune homme ne trouva rien de mieux à faire que de déposer sur le comptoir bien plus d’argent qu’il n’en fallait pour un seul verre. Le barman regarda alternativement les billets, puis Skyler avant de prendre les billets et de resservir un autre verre à son client. Un verre que le jeune homme bu cul sec comme tous les autres précédemment. Décidément, il était bien pathétique le Skyler. Ha l’amour, il n’y a pas mieux pour détruire les Hommes … C’était une chose qu’à l’heure actuelle Skyler n’était plus à même de comprendre. Pourquoi s’entêter à aimer si c’était pour souffrir comme il souffrait ? Est-ce que l’être humain était par définition un espèce de taré masochiste ? Il commençait à se poser définitivement la question à chaque fois qu’il voyait un couple, dans la rue, dans les bars et même à la télé. Il avait vraiment l’impression que c’était la plus belle connerie au monde. Il aimait encore sa femme et pourtant, elle n’était plus de ce monde. Il n’arrivait même pas à comprendre pourquoi il ne pouvait pas juste l’oublier et passer à autre chose. Il soupira alors qu’il entamait encore un nouveau verre. Peut-être qu’il fallait mieux qu’il ne cherche même pas à comprendre, toutes ses questions qu’il se posait sans cesses allaient finir par lui faire exploser la boite crânienne, alors il n’avait qu’à continuer à boire pour oublier tout ça … .

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