- Tu m'écoutes quand je te parle ?! Lui demanda Indie, un brin exaspérée par le comportement de son petit ami. Elle le regardait impuissante, incapable de le tirer de ses pensées, de cette paperasse qu'il ramenait à l'appartement et qui empêchait le blondinet de prendre réellement conscience de ce qu'il se passait autour de lui, de la maladie que sa copine subissait. Elle tentait de la vaincre, seule et malheureusement sans l'aide de Eddie qui restait le nez plongé dans ses papiers. Il était peut-être garde du corps, mais elle estimait être tout autant importante que ce métier qu'il chérissait et que cet homme qu'il protégeait. Elle ne le reconnaissait pas, il se moquait de ce qu'elle combattait actuellement. Il se moquait de tout et de tout le monde. Pour notre monsieur Costner la priorité n'était pas cette leucémie, il continuait à préparer la prochaine sortie du PDG qu'il couvrait. - Eddie ! Poussa-t-elle comme exclamation en lui arrachant ce qu'il tenait entre ses mains. Il redressa le regard en direction de la belle. - Oui je t'écoute. Lâcha-t-il un peu lasse. Elle se retenait de lui donner une claque, de le secouer comme un prunier, de lui crier ô combien elle se sentait mal. Elle n'aimait pas se plaindre mais elle semblait tellement mal en point, ce qui n'inquiétait pourtant pas son petit ami. Il n'était qu'un crétin, rien d'autre qu'un crétin qui ne pensait qu'à sa petite personne, qui ne pensait qu'à son putain de métier qu'elle méprisait tant. Il lui adressa un petit sourire en coin, ce qui la scia littéralement sur place. La situation était alarmante et lui, il souriait bêtement. Elle lui donna une bonne paire de claques et laissa la tristesse lui arracher quelques larmes qui ruisselaient sur ses pommettes. Baldwin encaissa les deux claques et se redressa sur ses pattes, sans la quitter du regard. Il tenta malencontreusement de la serrer contre lui mais elle le repoussa. - Tu ne sais pas ce que tu veux ou quoi ? Il ne voulait pas comprendre. Il ne voulait pas admettre que l'état de sa petite amie se dégradait. Elle se posa à son tour sur le canapé du salon, délaissant ce qu'elle tenait entre ses mains sur la table basse. Elle nicha sa tête entre ses mains. La maladie la détruisait peu à peu et personne n'était en mesure d'éradiquer le problème, de mettre la main sur un remède. Elle désirait uniquement que Eddie la soutienne. La scène qui se présentait à lui, le poussa à commettre un élan de gentillesse. Il se rendait doucement compte de l'importance de la situation. Indie respirait lentement, elle tentait de calmer son cœur qui battait à cent à l'heure. Elle était vulnérable, en proie à l'ampleur de cette leucémie et elle luttait seule, délaissée par son compagnon. Il se posa à ses côtés, l'air sérieux. - Indie parles-moi. Il se rapprocha et tourna la tête sur la droite, de manière à la contempler, à contempler la personne qu'il délaissait pour un salaire. Elle releva la tête mais ne prêta guère attention à son petit ami. - J'ai besoin de toi. Expira-t-elle simplement. Il se devait de comprendre par lui-même ce qu’elle attendait de lui, il le savait intérieurement. Elle avait besoin de lui, de son soutien, qu'il ne la laisse pas tomber comme une vieille chaussette. Pourquoi n'était-il pas touché par cette maladie ? Lui il se contentait de prendre cette histoire à la légère. Parallèlement il souhaitait aussi que sa copine reprenne du poil de la bête. Il ne connaissait pas les conséquences de toute cette merde, quelle tournure cette maladie risquait-elle de prendre, parce qu'il ne prenait pas le temps de l'accompagner à l'hôpital et de la soutenir, il ne connaissait rien. Il était complètement inculte en la matière. Mais sans le montrer il se posait pas mal de questions, qui restaient sans réponse. Il était peut-être un crétin de première classe, mais il possédait tout de même un cœur. Un cœur qui ne parlait que très peu, et qui restait muet lorsque son propriétaire se sentait un brin sentimental, ce qui était rare. Il n'était pas sans cœur, car il était quand même tombé amoureux. - Je te promets de veiller sur toi. Il lui donna un baiser, qu'elle accepta. Une semaine après, la maladie emporta Indie.


- Ina. Une agréable surprise squattait le seuil de sa porte. Il la regarda pendant un moment sans décrocher de cette silhouette qu'il ne connaissait que trop peu d'après lui. Baldwin aspirait à lui sculpter la moindre partie de son corps, à lui caresser le moindre centimètre carré de peau. Pour conclure il la désirait entièrement. Malheureusement elle répondait au nom de Ina Flannery le même nom que Indie. La sœur de cette dernière se tenait à un mètre de lui. Elle souhaitait lui parler, redoutant que Eddie ne plonge son regard dans son décolleté. - Tu me laisses rentrer ou tu comptes simplement me regarder ? Elle soupira et scruta un point imaginaire. Elle se sentait mal à l'aise en sa présence, comme si il émanait quelque chose de dérangeant. Une tension sexuelle se ressentait, il en prenait conscience et elle la repoussait, consciente que cette tentation était en quelque sorte interdite. Elle ne comprenait pas pourquoi il se comportait ainsi, pourquoi il prenait ce malin plaisir à la déstabiliser, à la pousser à ce qu'elle n'admettait pas encore. Elle le détestait rien que pour ce comportement, elle le détestait car il réussissait à la rendre dingue. Ina se retenait de lui céder par respect pour sa sœur, mais elle était un peu suicidaire en tentant le diable. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ne coupait pas les ponts et qu'elle ne le laissait pas tranquille. Elle tenait tout bêtement à lui, à cet idiot qui contemplait sa poitrine. Elle soupira encore et termina par le pousser, histoire de rentrer à l'intérieur. Il la laissa inspecter l'endroit, sûrement à la recherche d'une quelconque nana à poil. Il esquissa un petit sourire en coin et claqua la porte derrière lui. Ina sursauta et le mitrailla du regard. Ne connaissait-il pas la délicatesse ? Il cherchait simplement à la sortir de son inspection. - Pourquoi débarques-tu si spontanément ? Tu as besoin de tirer un coup ? Pour ne pas mentir, il espérait qu'elle lui donne une réponse se rapprochant d'un « oui » et qu'elle lui saute au cou. Mais il se contenta d'imaginer la scène. Elle se retourna en sa direction. - Tu es vraiment trop con. Ma sœur était la spécialiste pour te le rappeler, nan ? Il la reluqua, ne délaissant pas ce stupide sourire. Un sourire qu'elle méprisait et qui contradictoirement la rendait dingue. Elle lui reprochait une panoplie de détails, et ce sourire la complétait. Le pire demeurait sans doute le matin de l'enterrement de Indie, les larmes étaient présentes sur les traits de tout le monde, excepté Baldwin. Ina ne comprenait pas cette insensibilité, elle se demandait si il était capable de pleurer, de ressentir de la tristesse. Il en était capable mais il ne le montrait pas, cependant il ne pleurait pas en cachette comme une gonzesse. Même tout petit en regardant Bambi, il ne pleurait pas. Il ressentait quelque chose si la situation était triste et dramatique, mais les larmes ne montaient pas. - J'ai capté, tu veux encore que je culpabilise et que je m'excuse. Il se rapprocha dangereusement de la belle. Elle recula machinalement, un meuble lui bloqua sa marche arrière. Elle n'aimait que trop peu cette situation où il possédait toutes les cartes en main, car si il le désirait elle serait à lui dans la seconde. La promiscuité actuelle ne le dérangeait pas, puisque le décolleté de Ina le taquinait sagement. Mais il retourna rapidement sur terre lorsqu'elle lui écrasa le pied à l'aide de son talon, histoire de le calmer lui et ses ardeurs. La désagréable sensation qui le parcourait lui arracha une grimace, ainsi qu'un blasphème. - Nom de Dieu ! Elle décida tout de même de rester coincée entre lui et ce putain de meuble, et accessoirement de lui répondre comme si de rien n'était. - Oui et non. Lorsqu'elle le croisait, elle lui retournait sans cesse le couteau dans la plaie. La belle cherchait simplement un coupable, la personne qui lui arracha sa grande sœur. Pour elle le blondinet était l'unique responsable. - Je te conseille simplement de calmer tes ardeurs. La situation était trop périlleuse, elle tentait de le raisonner car l'impair n'était pas loin. Elle-même ne se sentait pas capable de lui résister si il l'embrassait. - Très bien, et en l'occurrence pour me convaincre, tu viens me voir avec un décolleté ? Il en oubliait son pied, sur le coup il souhaitait simplement le prendre, en compagnie de Ina. Un sourire en coin donna naissance à un baiser qu'elle repoussa, en le stoppant de ses mains. Elle se surprenait à lui résister encore et encore. - Ton comportement me dégoûte. Elle quitta rapidement les lieux, le laissant en plan. Pourquoi souhaitait-elle lui parler au départ ? Il se le demandait.

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