PV CONNOR + PHOEBE.
Il est six heures à Anchorage, bon matin à tout les lève-tôt... Phoebe frappa violemment sur le petit appareil pour le faire taire. Le jeune femme s'extirpa difficilement de son lit, dominant son envie de se rendormir. C'était comme ça tous les matins depuis quelques jours, une manière comme une autre de prendre ses distances, elle se levait de bonne heure, laissait un mot et passait la journée en ville. C'est exactement ce qu'elle prévoyait de faire ce jour-là. Phoebe attrapa quelques vêtements dans son placard, les passa, sortit de sa chambre sur la pointe des pieds pour rejoindre la salle de bain rafraîchir un peu tout ça. Sa toilette terminée, elle attrapa son ordinateur, son sac puis s'en alla en laissant un énième "partie en ville" sur la table du salon. La vie devenait quelque peu difficile, elle avait bien cherché cette situation ! Quelle idée de boire autant ! Enfin... C'était fait maintenant. Elle n'avait jamais autant travaillé de sa vie. Tous les jours, elle s'installait dans un café, allumait son ordinateur et passait la journée à travailler pour l'université, buvant un café à intervalle régulier. Et dire qu'elle avait déménagé ici pour se faciliter la vie, ce n'était sûrement pas ce qu'elle avait prévu. Finalement, elle avait quitté l'Angleterre parce qu'elle ne supportait plus sa situation, parce qu'elle avait besoin de changement après une rupture plus que difficile, mais voilà qu'elle retombait dans le même genre de jeu. Ce truc avec Connor avait trop duré. Phoebe avait naïvement pensé que cela aurait pu lui suffire, mais elle s'avérait beaucoup plus impliquée qu'elle ne l'aurait voulu et sa tête avait beau lui dire certaines choses, son coeur ne jouait plus le même jeu... Comme si elle pouvait demander plus, il n'était absolument pas ce genre de mec. C'était d'ailleurs ça qui l'avait encouragé à prendre du bon temps avec lui.

Phoebe entra dans le même café que le matin précédent, elle s'approcha du comptoir et demanda une tasse café noir, c'était de dont elle avait le plus besoin à cette heure de la journée. Reprenant sa place habituelle dans un coin du café, elle alluma son ordinateur et mit ses lunettes sur son nez. C'était parti pour une nouvelle journée de travail ! Au moins, elle était sûre de rapidement finir ses études et rentrer à Birmingham sans même avoir l'impression de l'avoir quitté. Ce qu'elle aimait ici, c'était le calme. A cette heure, le café n'accueillait que des insomniaques, Phoebe était sûre de ne pas être dérangée. Elle vissa ses écouteurs dans ses oreilles et commença à pianoter sur son ordinateur à la recherche de quelques informations pouvant l'aider à en finir avec cet article de fond qu'elle devait rendre pour ses cours de journalisme. C'était une simulation parfaite, Phoebe ne rêvait que du jour où son nom apparaîtrait dans un vrai journal. Elle mettait toutes les chances de son côté et prévoyait de rendre un bon article, digne de ce nom. Le fait est qu'elle devait encore se trouver un sujet potable, impressionnant qui rendrait son article tel que son professeur serait obligé de la féliciter. Phoebe ne pu s'empêcher de sourire à cette seule pensée. Enfin, il ne fallait surtout pas mettre les charrues avant les boeufs, d'autant plus qu'elle n'avait pas encore de sujet ! Elle avait une horrible tendance à se faire des films... La serveuse lui apporta son café qu'elle commença à boire avec joie. Sa journée commençait bien !

Phoebe était en train de rêvasser depuis quelques minutes quand elle s'aperçue qu'elle n'avait pas du tout avancé... Ça n'allait pas du tout, bien qu'en avance pour des mois maintenant, elle se remit au boulot, convaincu que faire ce qu'elle faisait était la meilleure chose à faire. Travailler pour ne plus penser. Ça se discutait... A la première occasion, son esprit retournait vagabonder vers sa vie sociale. Décidément, elle avait beaucoup de mal à se sortir ce garçon de la tête ! Voilà qu'elle se mettait à le voir ! Elle cligna des yeux pour finalement comprendre que Connor n'était pas plus une hallucination que la page blanche qui trônait sur son ordinateur depuis une heure déjà. S'en était fini de sa super cachette. Elle allait devoir se trouver un autre endroit pour travailler si Connor avait réussi à la trouver ici... Il était hors de question qu'elle reprenne là où elle avait arrêté. Il fallait qu'elle se trouve un mensonge, oui, c'était ça la solution, prétexter une maladie ou... Un changement d'orientation ! Non c'était pitoyable, elle ne pouvait pas lui faire croire qu'elle s'était subitement révélé une préférence pour les filles. Peut-être qu'elle pourrait simplement s'inventer un copain. Oui, c'était ça, un certain... John ! C'était ça le nom passe partout en Amérique si elle ne se trompait pas. John serait grand brun, plus beau encore que lui, il serait... Etudiant en physique et ils seraient en train de vivre une magnifique histoire d'amour depuis que John aurait, par inadvertance, confondu la salle de cours de Phoebe avec sa salle de physique quantique. Pfff c'était n'importe quoi... Comme si elle pouvait réellement sortir avec un physicien. Elle n'arrivait même pas à se souvenir du nom de certains éléments chimiques les plus simples... Elle ne savait même pas ce qu'était la physique quantique ! Phoebe tapa l'expression sur google pour en savoir un peu plus, curieuse. Puis... Ça se trouve, Connor ne l'avait même pas vu ! Elle releva la tête pour découvrir le jeune homme à la porte. Ça ne pouvait pas être une coïncidence ! Elle baissa la tête espérant de toutes ces forces qu'il prendrait un café à emporter pour passer son chemin mais c'est quand il s'approcha d'elle et qu'il s'installa en face d'elle qu'elle comprit qu'elle aurait dû se tirer dès qu'elle l'avait vu...

Ça te gène pas que je me joigne à toi. Ça la gênait, vraiment beaucoup, elle devrait maintenant s'acquitter de sa présence, mais en plus de ça, elle devrait se mettre à la recherche d'un endroit beaucoup mieux caché le lendemain. Elle ne releva pas la tête. Réfléchissant à une excuse valable pour partir sans avoir l'air de vouloir le fuir. De toute façon, c'était clair comme de l'eau de roche, elle le fuyait depuis des jours déjà, même un éléphant aurait pu être plus subtil. Elle avala la fin de sa tasse puis répondit simplement, fais ce que tu veux, en replongeant ses yeux dans son ordinateur. Comme si elle pouvait se remettre à travailler avec Connor en face d'elle, c'était tout simplement impossible. Elle pouvait faire l'indifférente autant qu'elle le voulait, Phoebe pouvait difficilement ignorer sa présence. Pendant quelques secondes, elle se surprît à lire une page concernant la physique quantique avant de la refermer, agacée par sa bêtise. Elle pourrait peut-être se trouver un gentil garçon, pour noyer Connor, dans une nouvelle aventure aussi débile qu'elle avait commencé avec lui. Peut-être qu'un étudiant en physique ferait l'affaire. Elle l'écouterait pendant des heures parler de ses cours pour être sûre de ne pas tomber amoureuse. Oui, c'était sans doute ce qu'il lui fallait, quand elle en aurait marre, elle prétexterait une divergence d'intérêts trop prononcée et pourrait sans doute arrêter de se morfondre sur sa misérable existence qu'elle seule considérait comme étant misérable. Elle prit son porte-monnaie et décida d'aller prendre un autre café. Elle aurait sans doute eu besoin de quelque chose de plus fort, mais sachant ce qu'elle avait été capable de faire sous l'influence de l'alcool, elle n'était plus certaine que ce soit une bonne idée. Phoebe se leva, faisant comme s'il n'était pas là puis se dirigea vers la serveuse, laissant sa page blanche derrière elle. Ce n'était sûrement pas avec Connor qu'elle allait trouver le sujet du siècle et elle doutait sincèrement de sa capacité à se remettre au travail. Deux minutes plus tard, elle s'installait de nouveau à sa place, un café chaud à la main et l'impression que la matinée allait être plus longue qu'elle ne l'avait prévue. Bien dormit ? Demanda-t-elle, plus par politesse qu'autre chose. Jouer l'indifférence était la meilleure carte à disposition, elle voyait difficilement comment s'en sortir autrement dans l'état actuel des choses.

J'aurais mieux dormi si tu avais été avec moi, mais vu que tu te l'as joue distante en ce moment je n'ai pas eu ce plaisir. Il pouvait très bien se trouver une nouvelle fille auprès de qui dormir la nuit prochaine. Phoebe savait très bien qu'elle n'avait pas été la première et qu'elle ne serait sûrement pas la dernière, elle n'était pas stupide à ce point. Elle ne pouvait tout simplement plus se permettre de faire de genre de chose, c'était... Du masochisme. Elle n'aurait jamais dû commencer, ça avait été stupide et absolument irréfléchis ! N'importe quelle fille comme elle ne serait jamais tombée dans ce genre de bêtise. Oui, elle avait mal après cette atroce rupture, oui, elle avait emménagé ici prendre du recul et prendre un nouveau départ et non, elle n'avait pas tellement réussit. Aujourd’hui, elle regrettait presque d'être partie aussi loin de Birmingham, elle aurait pu en parler à quelqu'un là-bas, quelqu'un de proche, des proches qu'elle n'avait plus ici... Il était hors de question de dire quoique ce soit à Mariella. Cette dernière ne lui en voudrait sûrement pas mais elle aurait été déçue de voir que Phoebe était tombée dans le piège comme toutes les autres imbéciles qu'il avait dû mettre dans son lit. C'était dur de savoir le jeune homme dans la même maison qu'elle, pas loin d'elle et de s'interdire de faire quoique ce soit alors qu'elle en avait terriblement envie... Il ne fallait pas qu'elle pense à ça, c'était comme... Retomber dans le piège une seconde fois. Il fallait qu'elle soit maligne et qu'elle réfléchisse pour se sortir de ce pétrin. Parce que cette situation était incontestablement la situation la plus merdique qu'elle ait vécu. Qu'elle idée de coucher avec son colocataire, son très séduisant colocataire, pensant que ça serait aussi simple que ça. Rien n'était jamais simple, il fallait se faire à l'idée ! Elle n'était pas ce genre de fille et ne l'avait jamais été. Phoebe était malheureusement amoureuse et ça lui faisait peur parce qu'on ne pouvait pas être amoureuse de ce genre de mec, c'était pire que ce qu'elle avait toujours vécu, Connor n'était pas le prince charmant et ça aurait été stupide de penser qu'il pouvait changer... Elle ne répondit pas, ne sachant de toute façon que répondre, que pouvait-elle répondre de toute façon ?! Il allait devoir se faire à l'idée, elle était décidé pour de bon, hors de question de s'approcher à moins d'un mètre d'un lit où il se trouverait aussi.

Tu vas finir par me dire pourquoi tu m'évites ? Elle fixa son ordinateur sans vraiment regarder ce qu'il y avait dessus. Décidément, la tournure que prenait les choses ne lui plaisait pas du tout. Tout ce qu'elle avait envie c'était le rejoindre le soir même pour prendre encore un peu de bon temps mais... Il ne fallait pas ! Pourtant, quand elle le regardait, elle ne pouvait s'empêcher de penser à chaque instants qu'ils avaient passé ensemble. Même si ça ne devait rien signifier, elle ne le voyait plus comme ça. C'était devenu trop important pour elle, une sorte de dépendance était née en elle, la seule façon de l'éradiquer, c'était l'arrêt complet de tout contact physique. Je ne t'évites pas dit-elle simplement, encore un mensonge ! Au point où elle en était, un de plus, un de moins c'était pareil. Elle pianota un peu sur son clavier, des mots comme ça, qui associés ne voulait rien dire. J'ai beaucoup de travail c'est tout, mentit-elle une seconde fois. Elle n'avait presque plus rien à faire et bientôt désœuvrée elle devrait se trouver un truc à faire, rapidement, trouver du travail ou n'importe quoi qui puisse lui changer les idées. Elle envisageait de plus en plus à s'inventer un petit-ami pour qu'il ne la cherche plus une bonne fois pour toute mais finalement... Était-ce réellement ce qu'elle voulait ? Phoebe ne voulait pas s'abaisser à ça mais si c'était la seule solution qu'elle trouverait, elle n'hésiterait pas. Tu savais que la physique quantique n'est apparu qu'au vingtième siècle, annonça-t-elle comme ça, espérant probablement pouvoir changer de sujet. C'était... pitoyable. Oui, c'était exactement le mot qu'il fallait.