Shock me like an electric feel, Turn me on with your electric feel
Café brûlant en main, j'essaie d'effacer les derniers relents de vomi de Billie, qui a encore été malade cette nuit. Je n'aime pas la savoir mal. Je n'aime pas savoir ce qu'elle prend. Je n'aime pas lui fournir ce dont elle n'a pas besoin. Je chasse les remords qui me tourmentent le corps, serrant de mon autre main la boîte de comprimés que j'ai dérobé à la pharmacie en arrivant. L'ambiance est pesante sur l’hôpital. C'est l'effervescence et je ne comprends pas pourquoi. Ca s'agite, ça court dans tous les sens. Mais je ne comprends toujours rien. La nuit a été longue, mais pour une fois, pas comme je le souhaiterai. J’aperçois Castiel au loin et me détourne immédiatement. Je n'ai pas envie de le voir aujourd'hui. Pas dans cet état. J'ai les cheveux encore en désordre et le teint blafard. Il faudrait que je songe à dormir un de ces quatre, peut-être, ça pourrait être utile. « Docteur Moriarty ? On a besoin de vous dans la chambre 4007, le docteur Graham n'est pas là et vous devez le remplacer. » Je me retourne surprise. Je n'avais pas vu cette petite boulotte de Cady qui furetait dans mon dos. Non, je ne l'aimais pas vraiment elle et ses cheveux vénitiens parfait. Quant à son sourire de faux-cul, et à ses activités extra-salariale dans le bureau du boss, je n'en parlerais même pas. Il fallait être fou pour entretenir une relation secrète dans l'hopital. Étrangement, le bâtiment avait beau être immense, tout ce savait. Mais pour l'heure, je n'en avais rien à faire puisqu'il n'y avait rien entre Castiel et moi ! J'obtempérais et me rendais dans la chambre indiqué. Graham le tyran absent ? C'était bien nouveau. Je jetais un vague coup d’œil au dossier que Cady me tendait mais n'y prétais pas grande attention. Rien de bien particulier, visite de routine, s'assurer que le cœur du type bat toujours, blablabla. J'en aurais pour dix minutes à tout casser. J'aurais juste dût vérifier le nom, que j'évite de rentrer dans la fameuse chambre 4007 et de me retrouver nez à nez avec Matthieu. En fait, j'aurais dut tout de suite savoir que c'était lui. Les maladies du cœur ne sont pas les plus courantes. Mais mon cerveau semblait tourner au ralentit aujourd'hui. Je me sens rougir dès que je croise son regard. Il est déjà à sourire et cela ne me rassure guère. Je ne suis pas totalement déconnectée et je sait bien qu'il y a quelque chose depuis cette fameuse nuit où je l'ai en quelque sorte sauvé. Je ne dirais pas ça comme cela, mais il me semble que pour lui c'est le cas. Je me suis juste retrouvé à assister l'assistant du chirurgien en chef lors d'une opération d'urgence. Je n'ai pour seul mérite que le fait d'avoir été là à son réveil. Depuis ... Ah ! Depuis, j'ai le sentiment que quelque chose qui ne devrait pas arriver va arriver. J’essaie d'oublier ce malaise à chaque fois que je suis dans la même pièce que lui. Je souris simplement, feignant le naturel. « Hé bien, déjà de retour ? Laisse moi deviner, tu as encore trop forcé sur la cigarette ! »

Je le laissais s'approcher, déposer un baiser sur chacune de mes joues. Cherchait-il à me mettre mal à l'aise ? A jouer ? Aucune idée, mais j'avais déjà l'impression que le contrôle de mon corps m'échappait. J'étais happé par une envie plus forte que toute raison. Je n'avais plus rien à faire. Milou connaissais parfaitement la procédure. Il s'éloignait déjà, retirant son tee-shirt. Je reposais le bloc d'informations que Cady m'avait refilé. Stetoscope en main, je m'approchais de mon patient pour m'assurait que son coeur marchait bien. C'était étrange d'utiliser le terme de "marcher". Le coeur n'est pas une machine. Il ne fait que battre. Parfois il s'emporte, quand la personne est amoureuse, ou quand elle a peur. Parfois il s'arrête ou ralentit quand la personne est gênée ou prise de cours. Celui de Milou battait dans sa poitrine. Il battait bien. Peut-être légèrement plus vite que la moyenne, mais j'aurais parié que ma présence expliqué cela. Enfin, plus ou moins. Le mien battait vite. Il faisait des soubresauts, là, à gauche, quand je croisais son regard, il tressautait et s'emportait. Il fallait que je le calme. Que je le stop, mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'un cœur ne se contrôle pas. Ma voix, elle, par contre, je pouvais la manier comme je le souhaitais. « Ca va, la routine. Faut juste que je me remette de ma nuit. » Je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne parvenais pas à parler de ma vie à Milou. Que savait-il au final ? Et moi ? Que savais-je de lui hormis que son cœur était malade ? Rien. C'était étrange comment un intense désir pouvait naître au fur et à mesure de visites banales. Car c'est bien ça que je voulais. Lui. Moi. Nous. Et autre. Mes mains s'étaient mises à trembler sans que je m'en rende compte. N'ayant rien remarqué d'étrange, j’arrêtais la mon inspection respiratoire et m'éloigner d'un grand pas. « Bon, je suppose que tu ne t'apprête pas à arrêter de fumer ? Tu devrais quand même, ça abîme tes poumons et au vu de ton coeur, ce n'est pas la meilleure des choses. Tu as besoin d'une ordonnance pour acheter d'autre médicaments ? » C'était des questions de routines que je tentais de débiter sans aucune émotions. Pas facile, je tentais de contrôler les tressautements de ma voix. J'évitais son regard aussi. Je commençais à perdre pied. Il faut bien le dire, son torse était à tombé. J'aurais aimé pouvoir sentir sa peau sous mes doigts mais c'était plus que déconseillé. C'était un patient. Nous étions dans un hôpital. Le mieux aurait été de finir là la visite et de partir en courant prendre un calment. Ca aurait été mieux mais mes jambes semblaient vouloir se rebeller contre tout mouvement. Et le seul moment où je relevais les yeux de mes feuilles -sur lesquelles je gribouillais d'une main mal assurée ce que j'avais constaté sur sa santé- fut un pur délice. Oui, il était bourré de charme. Mais torse nu, sachez mesdames, qu'il n'y a rien de plus exquis. Malheureusement, il surprit mon regard. Je rougis.

Si je l'avais voulu, j'aurais pu absolument tout prévoir de cette journée. C'est facile à dire, me direz-vous. Oui, après coup, c'était toujours facile. Mais sérieusement, je savais bien dans quel état je serais ce matin en aidant Billie toute la nuit ? Je savais que je croiserais Cady et qu'elle et sa face de lapin m'énerveraient. Je savais qu'un seul café ne suffirait pas. Le seul détail que je ne pouvais prévoir, c'était Matthieu. C'était l'élément perturbateur d'une journée pour le moins rassurante par sa monotonie. Mais il avait été là, foutu entre mes mains sans que j'ai pu prévenir quoi que se soit. Est-ce que je pouvais m'en plaindre ? Nullement. Le coeur qui s'emballe, l'envie irrésistible de l'embrasser ? Gênant ? Non, grisant. Non, ce qu'il y avait de vraiment drôle, c'est que dès que je l'avais vu, j'avais su la scène qui suivait. C'est là où j'affirme qu'on peut toujours prévoir les choses. Je savais pertinemment que je craquerais aux premiers signes. Avais-je seulement écouté ce qu'il m'avait dit ? Avais-je seulement bougé d'un millimètre pour éviter ses lèvres qui déjà, se pressaient aux miennes ? Je l'avais laissé se rapprocher et m'embrasser parce que j'aimais ça. J'aimais ce courant qui faisait frissonner mon corps alors que sa langue cherchait la mienne pour l'entrainer dans une danse enivrante. Déjà mes bras autour de sa nuque, déjà ses mains entourant mes hanches. Et notre étreinte, et notre baiser, et notre désir qui s'envolait. J'oubliais un cours instant son statut de patient et mon statut de médecin. J'oubliais l'agitation derrière la porte. Je m'imprégnais du danger pour mieux profiter mais bien trop tôt, la réalité me rattrapa, m'éloignant quelque peu de son corps. « Non, attends ... faut pas » Simples et stupides paroles, vaines, sans aucune valeur. Il ne m'écoutais plus. Je ne m'écoutais plus. C'était seulement lui et moi, avec cette envie soudaine de faire ce qu'on avait interdit. Déjà j'emprisonnais ses lèvres. Je réduisais le moindre espace entre nos deux corps à zéro. Je le voulais. Je voulais sentir son cœur battre contre ma poitrine, sentir ses muscles se tendres pour m'envelopper de ses bras. Qu'importe le reste ? Je profitais de ce frisson électrique qui secouait tout mon corps vers lui. Mon dieu que c'était bon ! Pourquoi ne l'avais-je pas fait plus tôt ? Lui sauter dessus ? Pourquoi n'avais-je pas volé un baiser ? « Hahem ! » Comme si je m'étais brulée les ailes à trop de plaisir, je repoussais Matthieu loin de mon corps désireux. Depuis combien de temps Cady était là, à nous observer dans notre étreinte, la porte grande ouverte et une main toujours sur la poignée ? J'aurais adoré qu'elle ne hausse pas son foutu sourcil. Qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi, pour briser le silence de glace qui soufflait entre nous. Ca n'allait pas. Ca doit être pour ça que j'ai sortit la phrase la plus pathétique et non crédible du monde « C'est pas ce que tu crois ! » Non ! Nooon Cady, bien sûr que non ! C'est pas comme si j'étais en train de faire une analyse buccale à un patient non pas pour m'assurer que tout en ordre mais pour ressentir ce petit fil électrique de plaisir que procure n'importe qu'elle baiser -surtout quand il était aussi bon. D'ailleurs, tu voudrais pas dégager et nous laisser finir ?

Le coeur a ses raisons que la raison ignore, dit-on. Tu parle, ces raisons c'est juste du désir l'état pur. Exactement ce que j’éprouvais pour Mathieu, mais en six fois plus violent que tous les hommes que je pouvais croiser au bar. Lui, c'était plus fort, plus puissant. C'est pour ça que ça avait tant d'importance. Il y avait tant de choses dans ce baiser, et plus encore entre nous. Il y avait l'adrénaline, la peur, l'envie. Je risquais le plus. Je m'en rendais de plus en plus compte maintenant que nous étions pris sur le fait. C'était gênant. Comme si on venait de tirer sur les ficelles de mon bikini et que je me retrouvais nue sur la plage. Si l'image aurait eu le mérite d'envouter Matthieu qui ne désirait certainement que ça, me voir en tenue d'Eve, nous n'en étions pas encore là. Cady nous bloquait, elle nous tenait par le collet, bon sang, elle avait mon avenir entre ses mains ! J'avais envie de grogner, tiens. Et de lui faire bouffer ses cheveux carottes. Mais pourtant, je perdais mes moyens. Moi, la solide Sade Moriarty qui avait supporté un père à la limite de la violence, je perdais mes moyens en face d'une infirmière boudeuse, capricieuse, à l'ambition aussi démesurée que l'égo. Soudain, voilà que se produit une chose surnaturelle ! Non, aucune météorite ne vint s'écraser sur nos têtes, ni même un dangereux psychopathe qui débarque pour tous nous flinguer. Non, juste Matthieu qui se place devant moi, jouant les protecteur, et qui prononce les paroles les plus magique que je n'ai jamais entendu.« Je ne lui ai pas laissé le choix » J'en reste comme deux ronds de flanc dégoulinant. Je m'attendais surement à tout. Quand je dis tout, je dis tout ! Même la météorite ! Mais ça ? Ca me surprend. Je ne le pensais pas comme ça. Je le pensais à fuir les responsabilité, à fuir les problème, à s'en contre-fiche des filles qu'il met dans son lit. Là, il me donne envie. C'est tout, j'ai envie de refaire la scène de Roméo & Juliette, quand ils défendent leur amour. Mais il sauve ma carrière. Il me sauve moi. Alors je ne dis rien, essayant de garder un aplomb surprenant alors que j'ai envie de lui sauter au cou et de lui faire mille baisers. C'est violent. Et Cady, qui nous fixe perplexe. Et il se retourne vers moi, et je suis surprise par le regard qu'il me lance. Entre douceur et force alors qu'il s'excuse, m'appelant par mon nom. Ca me fait tout bizarre qu'il m'appelle comme ça, je dois avouer. Je n'aime pas. Je préfère quand il est plus amical, moins formel. Mis je ne dis rien. Je ne peux rien dire. Juste : « Heu ... ce n'est pas grave. On va dire qu'on oublie, pour cette fois. Je vous prierais de ne plus vous adresser à moi en tant que médecin par contre ... ou je porterais plainte pour harcèlement. » Ces mots sont lourds. Très, trèèèèès lourd à dire. Je m'efforce d'être froide. Mes yeux me trahissent surement. Mais je n'ai pas le choix. Alors je le contourne et m'enfuis de la salle, la tête haute, le regard droit. Cady a l'air suspicieuse. Je l'entends demander si tous les examens ont été fait. Quelques minutes plus tard, il sort. Il doit se dire que je suis partie. Pourtant je suis juste à côté, dans l'un des cagibi qui servent aux hommes de l'entretient. A peine passe-t-il devant que je l'empoigne. Je l'entraine ici, dans ce quatre mètres carrés minable. Mais je n'en peux plus. Je l'embrasse.