loïs & jazmine
VIVRE SOUS TON TOIT SERAIT TROP ABUSER ?

Les écouteurs sur les oreilles, je rentrais chez moi d'un pas rapide, le sourire aux lèvres. J'avais passé une bonne journée et comptais me reposer devant un bon film. Je montais les escaliers de l'immeuble deux à deux, grimpant facilement jusqu'à mon appartement. Je sortis les clés de ma sacoche et les enfourcha dans la serrure. A ma grande surprise, elles ne rentraient pas. Je tentais d'autres positions, mais aucune d'entre elle fonctionnait. Obstinée, je continuais à forcer pensant que la serrure devait être bien vieille ce qui n'aurait pas été étonnant vu l'immeuble dans lequel je vivais. Seulement je dus me rendre à l'évidence, les clés n'étaient pas les bonnes parce que la serrure avait été changée. Salaud ! murmurais-je au creux de mes dents. Je descendis en trombe au premier étage où logeait mon voisin et propriétaire. Furax, je tambourinais à sa porte avant de m'arrêter lorsqu'il l'ouvrit enfin. Son sourire vicieux me mettait les nerfs en pelote. C'est quoi ce bordel ? Vous avez changé la serrure sans me le dire. Elles sont où les clés que je rentre chez moi. Il resta de marbre face à mon ton arrogant. Chez vous ? Vous rêvez ma petite, ça fait des mois que vous me devez votre loyer alors je vous mets dehors. L'enflure, il avait osé faire ça. Et mes affaires ? Je les récupère comment mes affaires ? Vous auriez au moins pus me prévenir. Ca se fait chez les gens normaux. On prévient avant de foutre quelqu'un à la porte ! Toujours ce sourire vicieux sur les lèvres il sortit de sa poche un trousseau de clés qu'il tendit au-dessus de lui. Ca c'est les nouvelles clés. Je vous laisse une heure pour remballer toutes vos merdes. Après ça je veux plus vous voir dans l'appartement. Il me passa devant sans que je n'eus le temps de répliquer les monta les étages doucement. Je le suivais à la trace, continuant à l'insulter de tous les noms. J'étais au bord de la crise de nerf, ne réalisant toujours pas ce qui venait de m'arriver. Enfin devant la porte, il l'ouvrit à l'aide des fameuses clés et la poussa pour me laisser entrevoir l'intérieur de l'appartement qui, quelques heures plus tôt, était encore le mien. Il porta sa main à sa montre et sur un ton mesquin déclara. A dans une heure mademoiselle Abernathy. Puis il descendit aussi calmement qu'il n'était monté. Je flanquais un coup de pied dans la porte avant de me précipiter à l'intérieur. Une heure pour tout ranger c'était mission impossible.

Mes deux valises sur le lit, j'étais persuadée que tout n'y rentrerais pas. Je n'eus pourtant pas besoin de faire de tris puisque toutes mes affaires rentraient dans seulement deux valises. J'étais ahurie par le peu de choses que je possédais. Mes vêtements étaient peu nombreux, tout comme mes soins. Quant aux meubles, la plupart avait été donnés avec l'appartement. Je n'avais ajouté que quelques touches personnelles en matière de décoration. En une heure top chrono j'avais réuni mes deux valises pleines ainsi que ma mallette à dessin. Postée devant la porte, je peinais à tout porter. Le proprio revenait toujours aussi posé, il me gratifia à nouveau de son sourire narquois. Bonne continuation mademoiselle Abernathy. Va en enfer, connard. Je descendais mes affaires une à une jusqu'au rez-de-chaussé et sortais de l'immeuble, la rage au ventre. Je me retrouvais à la rue sans que je n'en cris garde et la seule personne vers qui je pouvais désormais me tourner n'était autre que ma grande soeur, Loïs à qui j'avais déjà demandé beaucoup. J'hésitais longuement avant de prendre la direction de sa maison, mes sacs accrochés à ma bicyclette. J'avais vraiment abusé de sa gentillesse ces derniers temps et j'avais peur que mon arrivée soit la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Arrivée devant chez elle, j'hésitais une fois de plus avant de passer le portail et de sonner à sa porte. Lorsqu'elle ouvrit la porte, je lui fis mon plus beau sourire face à sa tête étonnée. Je haussais les épaules et faisais la moue. Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre ... Je peux entrer ? J'avais dit ça le plus innocemment du monde. Bien que la situation soit grave je réagissais encore comme une gamine, qui se fiche pas mal des conséquences de ses actes. J'avais merdé et pourtant je faisais comme s'il n'en était rien.

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